Hormone de croissance recombinante (somatropine) : l’Afssaps lance une étude épidémiologique sur la tolérance à long terme (SAGHE).
L’hormone de croissance (somatropine) est utilisée chez l’enfant dans le traitement des retards de croissance (A) lié à un déficit de cette hormone, à un syndrome de Turner, à une insuffisance rénale chronique et chez les enfants nés petits pour l’âge gestationnel.
En 1985, c’était l’hormone Hormone de croissance extractive (B) qui faisait parler d’elle. Aujourd’hui, l’Afssaps souhaite améliorer les connaissances sur l’hormone de croissance recombinante, utilisée exclusivement depuis près de 20 ans et évaluer l’état de santé des jeunes adultes qui ont reçu ces traitements dans leur enfance.
Les principaux effets indésirables associés au traitement par hormone de croissance recombinante sont liés au rétablissement du volume extracellulaire qui se traduit par une rétention hydrique : œdèmes périphériques, rigidité des extrémités, arthralgies, myalgies, paresthésie. Ces effets sont en général modérés et diminuent spontanément ou après réduction de la dose. De rares cas de diabète de type II, d’hypertension intracrânienne bénigne, de syndrome du canal carpien et de formation d’anticorps ont été décrits. De très rares cas de leucémies (C) ont également été rapportés. Les études de suivi post-traitement menées jusqu’à présent avaient pour objectif principal l’évaluation de l’efficacité du traitement par hormone de croissance recombinante (1) . Il est cependant important du fait du mécanisme d’action de l’hormone de croissance et de son profil de tolérance de surveiller avec attention les effets potentiels à long terme du traitement par hormone de croissance recombinante (2).
L’étude SAGHE pour Santé Adulte GH Enfant, dont le promoteur principal est l’Afssaps est cofinancée par l’Afssaps, la Direction Général de la Santé (DGS) et l’institut national du cancer (INCa).
Cette étude consiste à :
– identifier les patients concernés à partir du registre tenu par l’Association France Hypophyse jusqu’en 1997 (leur nombre est estimé à 10 000).
– envoyer à ces patients un questionnaire visant à recueillir des informations sur leur état de sante passé et actuel.
L’étude a commencé au début de l’année 2007 et en est actuellement au stade de l’envoi des questionnaires.
Cette étude, associée aux connaissances déjà acquises sur le traitement par hormone de croissance recombinante, devrait permettre d’affiner le rapport bénéfice/risque du traitement par hormone de croissance recombinante.
A. Retards de croissance
Chez l’enfant, on parle de retard de croissance lorsque sa taille est inférieure d’au moins deux écarts-types à la taille moyenne d’un enfant de son âge, en utilisant comme référence pour la population française les courbes de Sempé et Pédron.
Les causes de retard de croissance sont variées et peuvent être constitutionnelles (syndrome de turner par exemple), secondaires à une pathologie chronique ou endocriniennes (en particulier le déficit en hormone de croissance).
Le diagnostic de retard de croissance chez l’enfant repose sur plusieurs éléments : d’une part les antécédents familiaux et personnels du patient, l’examen clinique (dysmorphie, signes de maladie chronique, stade pubertaire) et de l’examen auximetrique (taille, vitesse de croissance, âge osseux).
B. Hormone de croissance extractive
En 1985, suite à son incrimination dans des cas de maladie de Creutzfeldt-Jacob aux Etats-Unis où l’hormone était utilisée depuis plus de 25 ans, c’était l’hormone de croissance extractive qui faisait parler d’elle.
Lors d’un colloque réunissant les spécialistes de l’hormone de croissance à Copenhague en 1985, que le laboratoire Kabi annonce la mise au point d’une hormone de synthèse.
La première hormone recombinante commercialisée par Kabi arrive sur le marché français en mars 1987 (elle diffère de l’hormone naturelle par la présence d’un acide aminé supplémentaire). En 1988, une nouvelle génération d’hormones recombinantes reproduisant exactement la séquence naturelle est mise sur le marché. La production d’hormone extractive cesse définitivement en juin 1988.
C. Leucémies
Plusieurs cas de leucémie sous traitement par hormone de croissance ont été décrits dans la littérature internationale (3). Un atelier international organisé en 1988 pour revoir les cas de leucémie sous traitement par hormone de croissance concluait qu’il existait peut-être une légère augmentation d’incidence. Une étude (4) plus large incluant 6284 patients traités par hormone de croissance entre 1963 et 1985 aux Etats-Unis, montrait une augmentation de l’incidence chez les patients traités par hormone de croissance, mais également que ces patients présentaient d’autres facteurs de risque de développement d’une leucémie. Il a été alors suggéré que le déficit en hormone de croissance en lui même était un facteur de risque (5). En conclusion, si le risque existe, il semble relativement faible et ne remet pas en cause à ce jour le rapport bénéfice-risque du traitement par hormone de croissance dans la mesure où les indications sont respectées, biensûr.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
1.Carel JC, Ecosse E, Nicolino M, Tauber M, Leger J, Cabrol S, Bastié-Sigeac I, Chaussain JL, Coste J. Adult height after long term treatment with recombinant growth hormone for idiopathic isolated growth hormone deficiency: observational follow up study of the French population based registry. BMJ. 2002 Jul 13;325 (7355):70. Comment in:BMJ. 2002 Jul 13;325 (7355):58-9. BMJ. 2002 Nov 2;325 (7371):1037.
2.Ogilvy-Stuart AL, Gleeson H. Cancer risk following growth hormone use in childhood: implications for current practice. Drug Saf. 2004;27 (6):369-82.
3.Watanabe S, Yamaguchi N, Tsunematsu Y, Komiyama A. Risk factors for leukemia occurrence among growth hormone users. Jpn J Cancer Res. 1989 Sep;80 (9):822-5.
4.Fradkin JE, Mills JL, Schonberger LB, Wysowski DK, Thomson R, Durako SJ, Robison LL. Risk of leukemia after treatment with pituitary growth hormone. JAMA. 1993 Dec 15;270 (23):2829-32.
5.Rapaport R, Oberfield SE, Robison L, Salisbury S, David R, Rao J, Redmond GP. Relationship of growth hormone deficiency and leukemia. J Pediatr. 1995 May;126 (5 Pt 1):759-61.